Une sentence arbitrale accable la directrice d’une institution culturelle et révèle une crise de gouvernance et de confiance dans la gestion de la mémoire cinématographique
Dans un développement sans précédent, un centre d’arbitrage a rendu, le 11 avril 2025, une sentence définitive obligeant Narjiss Nejjar, directrice de la Cinémathèque marocaine, à verser plus de 4,4 millions de dirhams à une partie contractante, suite à ce qui a été qualifié d’« manquement délibéré » et de « comportement financier contraire à la loi », dans l’exécution d’un contrat dont les détails n’ont pas encore été rendus publics.
Mais au-delà du contenu du jugement, c’est le silence persistant des autorités compétentes – notamment le ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication ainsi que le Centre cinématographique marocain – qui soulève des questions pressantes :
S’agit-il d’une simple erreur de gestion individuelle, ou d’un dysfonctionnement structurel dans la gouvernance des institutions culturelles ?
Sommes-nous face à un précédent qui pourrait redéfinir les règles de la reddition des comptes, ou cette affaire sera-t-elle, comme tant d’autres, étouffée ?
Que dit exactement la sentence ? Peut-on l’ignorer ?
Les éléments du jugement, consultés par certains médias, révèlent des infractions financières et administratives sérieuses, dont :
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L’abus d’autorité à travers des dépassements contractuels ;
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La mauvaise gestion de fonds publics ;
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Le manque de transparence dans la gestion des ressources de l’institution.
Cependant, la nature du contrat litigieux ainsi que l’identité de la partie lésée restent floues. Ce qui soulève plusieurs interrogations :
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Ces fonds étaient-ils destinés à des projets culturels ?
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Ont-ils été détournés à des fins personnelles ou douteuses ?
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Pourquoi le ministère de la Culture ne lance-t-il pas une enquête publique ?
La Cinémathèque : de gardienne de mémoire à institution controversée ?
La Cinémathèque marocaine n’est pas une institution ordinaire. Elle constitue l’archive audiovisuelle nationale, en charge de conserver des milliers de films et documents rares retraçant l’histoire du cinéma marocain.
Et pourtant, elle souffre depuis des années de :
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Manque chronique de financement malgré son importance stratégique ;
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Accusations récurrentes de favoritisme dans l’attribution de marchés ;
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Absence de contrôle rigoureux sur sa gestion.
Dès lors, une question essentielle s’impose :
Peut-on continuer à gérer une telle institution sensible dans l’opacité ?
Surtout que la sentence parle d’infractions « délibérées », laissant supposer un système de gestion défaillant, voire corrompu.
Le silence officiel : stratégie d’étouffement ou attente d’un dénouement ?
L’aspect le plus inquiétant demeure le silence absolu des autorités compétentes. Aucun communiqué du ministère de la Culture, aucune réaction du Centre cinématographique, pas même un mot de la part de la directrice concernée.
D’où cette série de questions pressantes :
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Où est le principe de la responsabilité et de la reddition des comptes ?
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Y a-t-il une volonté de camoufler l’affaire ?
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Existe-t-il une forme de « protection politique » permettant à l’intéressée de rester en poste malgré la sentence ?
Des répercussions sérieuses sur l’avenir du secteur cinématographique
Cette affaire pourrait bien entacher la réputation du Maroc auprès des partenaires internationaux, notamment en matière de gestion des financements culturels.
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Les producteurs étrangers pourront-ils encore faire confiance à une institution dirigée de manière opaque ?
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Les artistes nationaux continueront-ils d’accepter une gestion nébuleuse de leurs outils culturels ?
Conclusion : la redevabilité ou l’effondrement symbolique ?
Ce qui s’est passé ici dépasse le simple contentieux contractuel. C’est un test grandeur nature pour l’intégrité des institutions culturelles marocaines.
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La transparence est-elle encore un idéal ou un simple slogan ?
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L’État laissera-t-il la Cinémathèque devenir un symbole de gaspillage et de mauvaise gouvernance ?
Tant que le silence persiste, la crédibilité de tout un secteur reste suspendue.