Une nouvelle déception vient ébranler le moral de jeunes élèves marocaines talentueuses : l’équipe nationale féminine de mathématiques n’a pas pu participer à l’Olympiade Européenne de Mathématiques pour Filles (EGMO), tenue récemment au Kosovo.
Un événement prestigieux, un rendez-vous international attendu depuis des années… et pourtant, les jeunes Marocaines n’ont pas pris l’avion. Pourquoi ?
D’après une lettre reçue par le média Hesperis, l’équipe n’a pas pu voyager à cause d’un retard administratif dans la demande de visas. Une explication qui, si elle se confirme, soulève de graves interrogations sur la gestion des talents et des opportunités dans le système éducatif marocain.
Une préparation intense… gâchée par l’administration ?
Les jeunes filles affirment s’être préparées pendant trois ans pour représenter dignement le Maroc dans cette compétition exigeante. Or, le 9 avril, elles reçoivent une notification lapidaire : le Maroc ne participera pas à l’EGMO 2025. Pourtant, le départ était prévu le 11 avril. Le motif ? Les visas n’ont pas été demandés à temps, alors que la liste des participantes était connue depuis deux mois.
Peut-on considérer cela comme une simple erreur logistique ? Ou faut-il y voir un symptôme d’une crise plus profonde dans la gestion du secteur éducatif et sportif au Maroc ? Et surtout : qui porte la responsabilité de cette perte ?
Une répétition douloureuse
Ce n’est malheureusement pas une première. En 2024 déjà, l’équipe marocaine avait été privée de participation à l’Olympiade Internationale de Mathématiques (IMO) à Londres – pour des raisons similaires. Ces répétitions indiquent un problème structurel, non un incident isolé.
Les élèves parlent d’une expérience émotionnellement éprouvante. Pour elles, ces olympiades ne sont pas de simples compétitions, mais un reconnaissance méritée après des années d’efforts. C’est aussi une occasion rare de valoriser les compétences marocaines dans un domaine où l’excellence féminine reste sous-estimée.
Silence des autorités concernées
La rédaction de Hesperis a tenté de joindre le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports pour recueillir leur version des faits. En vain.
Des tentatives de contact avec l’Unité centrale d’excellence au sein du Centre national des examens et de l’évaluation n’ont pas davantage abouti, cette dernière exigeant une autorisation formelle du service communication.
Ironie du sort : une copie de la lettre officielle de cette unité, félicitant les élèves pour leur sélection à l’EGMO, a été consultée par la presse. Un message d’encouragement devenu vide de sens, à la lumière de leur non-participation effective.
Une question de gouvernance ?
Le cas de l’EGMO 2025 pourrait apparaître comme un fait divers administratif. Mais il révèle en réalité un malaise plus profond : le manque de gouvernance efficiente dans les domaines de l’excellence académique et de la représentation internationale.
Peut-on continuer à regrouper éducation et sport sous un même ministère ?
Où est le suivi des talents et la valorisation du mérite dans notre système public ? Les jeunes brillantes qui portent l’image du Maroc méritent-elles autant d’indifférence ?
Le silence des institutions interpellées ne fait que renforcer le sentiment d’abandon ressenti par ces jeunes filles, et au-delà, par toute une génération aspirant à une reconnaissance nationale et internationale.
