Dans ses locaux centraux à Rabat, le syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a tenu une large rencontre de communication, le mercredi 16 avril 2025, organisée par sa section de Rabat. Y ont pris part une élite de journalistes de la presse écrite et électronique, en présence du président du syndicat Abdelkebir Akhchichine, du président de la section Aziz Ijhabli, ainsi que plusieurs membres du bureau exécutif.
Derrière les mots « évaluation » et « perspectives », cette rencontre soulève des questions fondamentales : l’accord social signé en 2023 n’est-il qu’un engagement de façade, ou le début d’un véritable processus de refondation du statut du journaliste marocain ?
Un accord social : acquis professionnel ou simple trêve politique ?
Signé le 6 avril 2023 entre le SNPM et l’Association nationale des médias et des éditeurs, l’accord social visait à renforcer le dialogue sectoriel et à améliorer les conditions de travail. Pourtant, son application concrète semble encore incertaine, suscitant une interrogation majeure :
Qu’est-ce qui empêche la mise en œuvre effective de cet accord, pourtant salué lors de sa signature ?
Akhchichine a rappelé que l’accord ne pouvait être une fin en soi. Il doit être suivi par la mise en œuvre d’une convention collective globale, qualifiée de « texte fondateur » des revendications professionnelles. Or, cette convention reste bloquée depuis plus de trois ans.
Faut-il y voir un manque de volonté politique ? Ou l’absence de mécanismes juridiques contraignants ?
Précarité systémique : crise des structures ou crise de représentativité ?
Le président du SNPM a également pointé du doigt la fragilité structurelle du secteur de la presse écrite, tant au niveau financier qu’institutionnel. Il a plaidé pour une réforme du système de rémunération, dénonçant l’écart criant entre les responsabilités journalistiques et les salaires versés.
Peut-on vraiment parler de dignité professionnelle quand certains journalistes vivent à la limite de la précarité ?
De plus, le financement public de la presse s’est arrêté en mars dernier sans qu’aucune alternative stratégique n’ait été annoncée. Cela interroge la vision de l’État en matière de politique médiatique :
Quelles garanties pour la survie des entreprises de presse dans ce vide stratégique ?
Radios privées : des zones d’ombre criantes
Le débat a également mis en lumière la situation alarmante dans les radios privées, où de nombreux journalistes travaillent dans des conditions précaires, sans contrat clair ni protection sociale.
Le Conseil national de la presse est-il réellement en mesure de contrôler les conditions de travail dans ces structures privées ?
Avant le 3 mai : où va la politique publique de l’information ?
La rencontre se tient à quelques jours de la Journée mondiale de la liberté de la presse, dans un contexte où le journalisme est sous pression. Liberté éditoriale, protection juridique, financement durable : autant de chantiers ouverts qui attendent des réponses claires.
De la crise à l’action : que faire ?
Malgré le constat parfois sombre, la rencontre a montré un réveil des consciences dans le milieu journalistique. L’accord signé en 2023 peut devenir un levier de transformation, à condition qu’il soit suivi par une mise en œuvre réelle, équitable et encadrée.
Un message clair ressort de cette réunion : le journaliste marocain ne demande pas des privilèges, mais le respect de ses droits fondamentaux et de sa dignité professionnelle.