À une époque où la confiance envers la classe politique s’est effritée, le nom du Dr Abdennabi Aidoudi surgit tel un ouragan politique menaçant de déraciner l’ancien ordre établi dans la province de Sidi Kacem. Surnommé par ses partisans « l’Architecte du changement » ou « Hcha Kcha » (l’homme infatigable), ses détracteurs, eux, le perçoivent comme une menace pour un système clientéliste enraciné. S’agit-il d’un véritable phénomène politique ou simplement d’un éclat passager ?
Aidoudi, qu’on appelle également le « Cavalier de Sidi Kacem », n’apparaît pas comme un acteur parachuté, mais comme un enfant du terroir. Né à Dar El Kdari, une commune longtemps oubliée comme tant d’autres dans la région, il revient sur le devant de la scène politique avec une énergie nouvelle. Est-ce le signe d’un tournant décisif pour le développement local ?
Ce qui distingue Aidoudi, c’est son lien organique avec les souffrances des habitants : absence d’infrastructures, dégradation des services publics, et un sentiment généralisé d’exclusion. Peut-il rompre cette spirale de marginalisation ?
Une ascension venue du terrain, non des deals politiques
Dans le paysage politique marocain, rares sont ceux qui émergent sans le soutien d’un grand parti ou d’alliances centralisées. Aidoudi fait exception. Fort d’un double doctorat en sciences politiques et en études islamiques, et d’un engagement culturel constant, il a construit une voie originale, mêlant proximité avec la population et présence sur le terrain.
Mais a-t-il réellement les moyens d’influencer les centres de décision ? Sera-t-il capable de faire face aux lobbies qui ont freiné le développement de la province depuis des décennies ?
Un parcours de lutte commencé par la parole
En 2013, il s’est présenté aux élections législatives partielles, seul, avec pour seules armes sa parole et sa volonté de changement. Il a récolté près de 3700 voix, un score inattendu qui a marqué un tournant dans la conscience électorale locale.
Cette première tentative, bien qu’elle ne l’ait pas conduit au Parlement, a jeté les bases d’un projet politique cohérent, ancré dans l’action de proximité.
Analyse générale : une nouvelle relation entre citoyens et politique ?
Ce qui rend l’expérience d’Aidoudi intéressante, c’est sa tentative de redéfinir la politique dans un espace où les conseils locaux sont souvent perçus comme des lieux d’arrangements entre intérêts privés.
Sa percée peut-elle inspirer un renouvellement des élites à Sidi Kacem ? Assiste-t-on à un rééquilibrage des forces locales ?
De nombreux signes montrent qu’Aidoudi ne mène pas un combat personnel, mais incarne une dynamique collective portée par une volonté de changement.
Conclusion : Vers quel horizon ?
À l’heure de l’abstention électorale et d’un désengagement civique croissant, le projet d’Aidoudi pose des questions cruciales : la bonne volonté suffit-elle ? Ou bien faut-il aussi une ingénierie politique fine ?
Sidi Kacem sera-t-elle une expérience locale inspirante pour d’autres régions ? Ou bien les forces de l’inertie finiront-elles par étouffer cette tentative de renouveau ?
Le débat reste ouvert. Une chose est sûre : la périphérie fait désormais entendre sa voix. Et l’histoire d’Aidoudi en est une preuve vivante.