samedi, juin 7, 2025
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Rabbah et la religiosité marocaine : entre l’affluence dans les mosquées et l’absence d’éthique dans les institutions

Il ne fait aucun doute que tout Marocain authentique ressent une grande fierté en observant l’engouement massif pour les prières dans les mosquées et les espaces publics durant le mois de Ramadan et les fêtes islamiques. Ce phénomène ne se limite pas au Maroc, mais s’étend à l’ensemble des pays musulmans, voire même aux pays non musulmans, où le nombre de nouveaux convertis à l’islam augmente et où les mosquées se multiplient grâce à des dons généreux.

Mais cette religiosité apparente reflète-t-elle réellement un impact tangible sur le comportement des individus dans leur vie quotidienne ?

Un aspect lumineux : cohésion religieuse et sociale

Lors de ces occasions religieuses, les musulmans font preuve d’une unité rare, marquée par la solidarité et la générosité. Le Maroc se distingue comme un modèle unique à travers son engagement en faveur de la mémorisation du Coran, la construction de mosquées, la formation des imams et la promotion d’un islam modéré reconnu à l’échelle mondiale.

Cette image met en avant une facette positive de la religiosité et démontre comment la foi peut être un facteur de stabilité sociale et culturelle.

Le grand paradoxe : l’écart entre les pratiques religieuses et les comportements quotidiens

Cependant, en parallèle à cette scène inspirante, Aziz Rabbah soulève une question fondamentale : Pourquoi cette ferveur religieuse dans les pratiques cultuelles ne se traduit-elle pas par une amélioration des comportements quotidiens ?

Pourquoi observe-t-on, malgré l’attachement des individus à la prière, au jeûne et à l’aumône, des pratiques en contradiction avec les valeurs islamiques, telles que la fraude, la corruption, la trahison de la confiance et l’injustice envers les plus faibles ?

Ce contraste est frappant : comment une personne peut-elle être assidue dans ses rituels religieux tout en s’adonnant à la corruption dans les institutions publiques, ou en portant atteinte aux droits des autres dans les transactions commerciales et administratives ?

Ce phénomène ne se limite pas au cadre national, mais s’étend également aux communautés musulmanes à l’étranger, où certains témoignages dénoncent un manque de discipline, de propreté et de respect des lois parmi certains immigrés musulmans.

Analyse de la dimension sociale et éthique

Si l’islam insiste autant sur les bonnes mœurs et les relations humaines que sur les actes de culte, comment expliquer cette dichotomie ?

Est-ce dû à un manque de sensibilisation religieuse ? À l’absence de modèles vertueux ? Ou bien à une mauvaise compréhension de la foi, où l’on met l’accent sur les rituels sans accorder d’importance aux valeurs fondamentales de l’islam ?

Rabbah estime que ce déséquilibre menace l’image de l’islam à l’échelle mondiale, car certains Occidentaux associent les musulmans au désordre et au non-respect des règles, alors que l’islam prône en réalité la discipline, la responsabilité et l’éthique.

Ces contradictions freinent non seulement le progrès social, mais ternissent également l’image de la religion et conduisent même, au sein des sociétés musulmanes elles-mêmes, à une forme de rejet de la foi perçue comme incapable d’instaurer une justice sociale réelle.

Quelle solution ? Vers une religiosité plus complète et équilibrée

L’article souligne que la solution réside dans l’intégration harmonieuse entre la foi et l’éthique, de sorte que la religiosité ne se limite pas aux prières et au jeûne, mais englobe aussi l’intégrité au travail, le respect des lois et la protection des droits d’autrui.

Cela nécessite un rôle accru des savants, prédicateurs, intellectuels et médias pour sensibiliser sur l’importance de concilier la foi et les comportements.

Il est également essentiel de renforcer le concept de citoyenneté responsable, qui fait du musulman un acteur positif dans son environnement, et non pas un individu se contentant d’accomplir des rituels sans impact concret sur sa vie quotidienne.

Car au fond, la religiosité ne se mesure pas seulement au nombre de prières accomplies, mais aussi à la capacité d’une personne à incarner les valeurs islamiques dans ses interactions de tous les jours.

Conclusion : vivons-nous une crise de foi ou une crise de conscience ?

L’article d’Aziz Rabbah ouvre la porte à une réflexion plus profonde : Sommes-nous face à une crise de religiosité ou à une crise de conscience religieuse ?

Peut-on combler ce fossé en modifiant le discours religieux, ou bien cela nécessite-t-il des réformes éducatives et institutionnelles pour renforcer les valeurs éthiques au sein de la société ?

La question reste ouverte, mais une chose est certaine : l’avenir des sociétés musulmanes dépendra de leur capacité à aligner leur foi sur leurs comportements, afin que l’islam soit non seulement une force spirituelle, mais aussi un moteur de transformation sociale et éthique.

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